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 C'est si simple de tuer

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Myrien
Chessxbathory
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MessageSujet: C'est si simple de tuer   C'est si simple de tuer EmptyLun 23 Juil - 11:07

C'est si simple de tuer

Me voila enfermée depuis un an et demi dans cette prison crasseuse. J’ai vu des fous, des pédophiles, des violeurs… de tout. « Je ne vaux pas mieux qu’eux ». Cette phrase ne m’a pas quittée depuis que je suis arrivée ici. À travers les barreaux de ma cellule, je vois un ciel sombre. Cette noirceur déteint sur mes feuilles. Leurs corps gisaient à mes pieds. Leur sang les encerclait. Quel lugubre équilibre qu'est celui formé par le silence des corps et par les cris sourds de leur âme qui s'évapore ! Je ne suis pas animiste, mais leurs cris sont tels qu’un non croyant pourrait en rester incurable. Je plonge ma plume dans la noirceur du paysage pour, enfin, vous conter mon histoire, non plus lumineuse.
Ils me raillaient. Ils cherchaient à m’écraser par leur « savoir ». Je les ai devancés. Moi, la petite silencieuse toujours solitaire, toujours camouflée derrière les autres. Moi qui ne disais rien, qui ne cherchais qu’à me faire oublier. Moi qu’ils ont surnommée « Blatte ». On m’a comparée à cet insecte, depuis le début de ma scolarité, pour ma discrétion et mon accoutrement ; toujours vêtue de noir. La couleur noire est celle qui se fond le mieux dans le décor. C’est celle qui indique que son propriétaire n’est pas un humoriste. C’est celle dont ils avaient oublié la signification. C’est celle dont ils auraient dû se méfier.
Ce matin-là, j’étais seule, attablée devant ma tasse de café. Je regardais cette couleur captivante. Si sombre. Personne ne peut voir au travers. Je me comparais au café ; sombre, calme, indéchiffrable, sibyllin, terrifiant. L’inconnu fait trembler. Ce qu’on ne comprend pas, ou qu’on ne connaît pas, nous effraie. La peur entraîne la haine. Ils me haïssent, mais je les effraie plus encore. Ils ne me comprennent pas ; je ne parle pas de moi. Je ne parle pas tout court. Ils n’ont pas l’habitude de rencontrer des personnes muettes. Eux qui sont si habitués à la parole sans fin, au « je » qui intervient plus de six fois dans une phrase, aux possessifs qui trahissent le narcissisme. Ont-ils remarqué qu’il y avait d’autres personnes derrière leur miroir et autour d’eux ? Se rendent-ils compte de leur pitoyable crédulité ? À croire qu’ils sont l’incarnation de la perfection ils se noient dans le pathétique.
Si j’ai choisi de vivre à l’écart, c’est pour ne pas ressembler à ces « êtres parfaits », pour garder mon indépendance intellectuelle. Même si je ne suis pas un savant, même si je ne suis pas mieux qu’eux, je ne pense pas être pire. Je pense que seule je peux m’en sortir.
Tandis que mes réflexions s’éloignaient de ma tasse de café, mes yeux divaguaient sur la nappe. Ils revinrent sur le liquide noir en remarquant que l’eau avait un mouvement irrégulier, une perturbation. Je n’avais pas touché la tasse. Je ne m’attendais pas à une quelconque réaction. Surprise. Si j’inversais les rôles ? Les « parfaits » sont moi et je suis ce liquide. Quelle serait la réaction qui les surprendrait le plus venant de moi ?
Mon père entra dans la pièce. Immédiatement, je me levai pour prendre mon cartable et
partir. Dans la voiture, je répétais dans ma tête ce petit poème que j’avais composé la veille :

« Enlacée, délaissée,
Ils m’empêchent d’avancer,
Étranglée, étouffée,
Je ne sais plus marcher,
Il me faut retrouver ma liberté,
Je ne dois penser que par moi-même,
Ceux qui m’ont blessé seront tués,
Et, en moi, il n’y aura plus la place pour le mot « aime ».»

Arrivée au lycée, j’entamais le même scénario que les autres jours ; Je restais seule, évitais les regards railleurs, les contacts chaleureux ; je n’aime pas qu’on me touche. Je n’aime pas le regard imposant des gens. Je les évite le plus possible. Ils me font peur. Je les hais. Les femmes moins que les hommes. Ma phobie des hommes est plus forte que les autres. Des brutes. De simple machines à blesser. Si on oublie les exceptions, les femmes sont plus douces. Un enfant bercé par un homme ne peut pas s’endormir.
La sonnerie retentit. J’entame mon premier cours : Espagnol. J’écoute, mais ne regarde que ma feuille. Le professeur est un homme. Certaines filles de ma classe fantasment sur lui. Il m’effraie. C’est un homme qui ne semble pas docile, pour le peu que j’ai vu. Deux heures passent, la sonnerie retentit encore une fois. Je me précipite sur la porte, soulagée d’avoir survécu à ce calvaire. Je ne reste pas dehors, il y a toujours trop de monde. Je me dirige dans les couloirs, devant la porte de mon prochain cours : Histoire. Pendant ce cours, on entend souvent « mort décapité », «morte guillotinée », « mort pendu », « éventré », « assassiné ». Les meurtriers ont une forme de narcissisme encore plus développé que la normale. Ils décident de qui a le droit de vivre et qui ne l’a pas. J’ai toujours pensé que le seul capable de prendre une telle décision était celui qu’on appelle « dieu ». Ou encore cette « faucheuse » dont tout le monde écorche le nom dans un soupir de frayeur. Qui a le droit de choisir si l’autre doit vivre ou non ? Le monde est ignoble. L’histoire est un grand bain de sang dont nous descendons. Dans la religion ou dans l’histoire, la conclusion est la même partout : nous sommes souillés, impurs. Un homme a retenu mon attention. Adolf Hitler. Mes « camarades » le voient comme un monstre, un détraqué. Je pense que c’était un grand orateur qui a simplement poussé les idées de son peuple à l’extrême. Il n’a pas inventé le racisme en Allemagne, étant en pleine crise économique à son apparition, les Allemands s’étaient déjà forgés une rancœur de fer contre les étrangers, les juifs et ceux qui n’étaient pas, ou ne pensaient pas, comme eux. Ils pensaient que leurs ennuis venaient des étrangers. Les allemands l’ont suivi parce qu’il leur a dit ce qu’ils voulaient entendre. La boucherie qui s’en suivit, tout le monde la connait. L'Allemagne n’est pas la seule bouchère de l’histoire. Nous sommes tous salis.
Après les cours, ces mots résonnaient dans ma tête. Un tambourinement hypnotique qui me donnait mal au crâne. Je rentre chez moi.
Mon domicile se situe en campagne. Un endroit paisible où les voitures ne passent que rarement. Autour de notre maison, il y a une forêt. La tempête de décembre 1999 l’a rendu difficile d’accès. C’est pourtant si agréable d’y musarder ; l’odeur enivrante est complétée par la fraîcheur de l’environnement. C’est un endroit serein où j’aime me rendre. Il fait sombre. Il n’y a aucun bruit excepté le gazouillis des oiseaux. Il n’y a personne. Écrire à cet endroit donne naissance à des textes encore plus mornes qu’habituellement. C’est un endroit propice à la réflexion. Je ne parle pas, mais j’écoute et réfléchis. Ce soir-là, je me dirige vers cette forêt, m’assois sur le tronc d’un arbre abattu par la tempête et y attends la tombée de la nuit. Souvent, quand je traîne dans ces bois, il m’arrive de fermer les yeux, de m’imaginer être quelqu’un d’autre. Ma vie n’est pas fantastique, mais je ne suis pas une de ses enfants envoyés dans les mines et privée d’avenir. Je suis heureuse sans m’en rendre compte. J’ai souvent entendu dire qu’on ne se rendait compte de son bonheur qu’une fois l’avoir perdu. Je garde mes yeux fermés, respire cet air frais, et me replonge dans mes pensées. Je ne parle pas, cela me donne le temps de réfléchir à certains sujets, certains phénomènes de société. L’histoire, la religion, la science, la littérature, les hommes, la Terre, les êtres vivants, la mythologie… tous ces sujets m’interpellent. Je cherche des réponses sans savoir si elles sont justes ou non, si elles ont de l’importance ou si elles ne valent rien. A peine le temps de rentrer dans mes réflexions que la nuit est déjà là. Minuit passé. Je rentre à la maison. Mon père n’aime pas ce genre de petites escapades nocturnes. J’en fais souvent et je rentre tard. Il a l’habitude : quand il ne me voit pas à l’intérieur de ma chambre, il laisse la porte de la maison ouverte. Je rentre toujours après que le soleil s’est couché. Mon père m’a dit que j’avais l’attitude d’une chauve-souris. Quand il me fait des remarques par rapport à mes excursions nocturnes, je sens dans sa voix l’anxiété qu’un père doit éprouver pour son enfant. C’est pathétique. Il est anxieux, mais il a une rancœur envers moi qu’il n’ose pas s’avouer. J’ai tué sa femme. J’ai tué ma mère. Il ne peut le nier : il me hait, comme tous les autres. Un hypocrite qui se cache derrière l’impression du pathétique. Il se ment à lui-même. Il se croit. Il à réussi à convaincre les autres, « on commence par se tromper soi-même ; et ensuite on trompe les autres » disait Oscar Wilde. Je ne croirai pas le mensonge de mon père. Je hais les menteurs. Je hais les mensonges. Ils servent à se cacher, à se dissimuler derrière un masque qu’on se forge. Un masque de sentiment, de paraître. Un masque de mensonge. Personne ne se connaît vraiment.
Je décide de rentrer. Je monte dans ma chambre, me glisse dans mon lit. Je reste assise. Je ne dors pas. Les tambourinements sont trop violents. Sans compter ces voix qui me hantent depuis un certain temps. Je ne veux plus les entendre, je veux pouvoir dormir en paix, je veux pouvoir à nouveau écouter le silence sans être inquiète de quoi que ce soit. Aux chuchotements je préfèrerais les cris, mais le pire, c’est quand le silence se fait entendre. Il est le plus inquiétant de tous les bruits, à chaque seconde où il m’accompagne, je guette la porte de ma chambre, attendant que le prédateur jaillisse sur sa proie. Je ne contrôle plus mes tremblements. Je ne contrôle plus mon corps. Je me demande si je les ai déjà contrôlés. C’est de pire en pire : mes cauchemars, ma paranoïa… tout ce que j’ai osé prendre à la légère se retourne contre moi. Ma folie me ronge de l’intérieur comme le ferait la peste… abominables créatures des profondeurs, qu’attendez-vous encore de moi ? Je n’ai plus rien à donner, ni à vous, ni à personne d’autre. Vous m’avez tout pris : mes sentiments, mes rêves, l’amour qu’on me donnait jadis… tout ce que j’aimais… volatilisé. En échange, vous m’avez donné tous ces cauchemars. Bêtes immondes nourrissant vos ambitions par mon sang ! Non vous n’êtes pas des Anges ! Vous ne pouvez avoir l’audace de prétendre avoir ce titre ! Venez achever votre travail, créatures des ténèbres ! Faites-moi l’une des vôtres et empêchez-moi de continuer à rêver. Je vous en prie… Je suis épuisée, mes nuits se font courtes, je ne trouve plus le sommeil... Ma solitude m’a rendu malade… la solitude. Ce mot que je ne connais que trop bien et qui me hante depuis de nombreuses années. J’ai appris à l’aimer, à la tutoyer. Cependant, quand elle m’accompagne dans ma chambre, j’ai soudain l’impression qu’elle me quitte : quelques bruits étranges se faufilent dans mon sanctuaire ; des chuchotements, des rires, des pleurs et, surtout, des pas. Ces bruits, j’ai l’impression qu’ils viennent de la pièce voisine : la bibliothèque. Pièce devant laquelle je tremble, où je n’ose entrer seule et dont je me suis interdite l’accès. Sortie de mes pensées, au loin, par la fenêtre, j’aperçois déjà la petite boule de feu glisser sur le tapis bleu. J’aperçois le mélange subtil de leurs couleurs s’éparpiller sur le voile sombre qu’était le ciel nocturne. Mais le spectacle serait moins touchant si l’odeur ne s’y mêlait point. Cette odeur de rosée qui glisse avec le vent frais de cette matinée de mai. Puis, le coq fait son entrée en musique pour réveiller ceux qui ont manqué le spectacle naturel. À ce moment, je m’aperçois que le soleil s’attaque désormais aux nuages, leurs donnant une teinte rose qui ne manque pas de rajouter sa note de poésie à la toile. Cette couleur est vraiment en harmonie avec le vert, un peu grisée par la rosée, de l’herbe. Et tous les matins, la nature reprend sa danse poétique. Jusqu’au soir, le soleil traverse lentement le tapis bleu, puis, il s’éteint sur nous, et, comme un gitan, glisse dans sa roulotte et va faire son numéro plus loin. Il nous laisse sa sœur qui nous éclaire plus doucement avec quelques rayons blancs servant à percer les ténèbres de la nuit. Elle nous rafraîchit et nous berce pour nous endormir. Elle couvre nos nuits de tendresse et veille sur nos songes. Puis, quand son frère a fini sa tournée, il lui fait signe de poursuivre sa route et d’aller consoler nos voisins. Le soleil reprend alors sa place sur la toile et nous illumine de toute sa splendeur pour une nouvelle danse et pour une nouvelle journée. Mais, de nos jours, qui s’attarderait à contempler un tel spectacle ? Mon réveil sonne. Je me lève. Prends ma tasse de café. Fixe le liquide.
L’amour, ce spectre après qui chaque être vivant court. Les contes en sont remplis. On nous jure son existence, on nous promet son acquisition. Il hante nos rêves et notre vie. Je ne nierai pas que, moi aussi, j’ai longtemps couru après. Cherchant à me consoler dans de futiles paroles, me cherchant dans le miroir et dans celui des autres. M’inventant toutes sortes de films pour pouvoir passer de paisibles nuits. Jusqu’au jour où je me suis fondue dans la foule des pessimistes ; j’ai cessé d’y croire. L’amour n’existe pas, me dis-je. Je ne suis personne. Plus rien ne m’importe. Je n’ai plus aucun lien avec quiconque. Tous m’ont reniée, je leur retourne leur gratitude. Je ne demande plus qu’une chose : partir. Je ne leur sers à rien. Qu’ils me laissent parcourir mon chemin. Je voudrais, une fois dans ma vie, me sentir utile, intelligente, indispensable à la société. Je me livrerai entièrement à mon travail, puisque mon cœur est désormais vide. Je ne cherche plus l’amour. Je me laisserai me noyer dans mes paperasses. Tous ces sentiments ne sont que feintes, mais si vous y croyez, que vous vous y accrochiez, vous ne cesserez jamais de souffrir. J’ai le droit de sourire, mais je ne dois jamais montrer ma peine ; tout le monde peut me critiquer, m’insulter, je ne dois rien répondre en retour ; tout le monde peut diriger ma vie, mais je n’ai pas le droit de me plaindre. On m’utilise, on me jette, puis on me critique.
J’écarte ma main de la tasse, stoppe ma respiration. Nouvelle perturbation. J’ai mal au coeur. J’ai l’impression qu’un Titan me le broie. Quand la douleur est passée, je plonge mon bras dans un placard, en ressors un hachoir de cuisine et le glisse dans mon sac. Mon père me dépose au lycée. Un garçon de ma classe me lance une plaisanterie de mauvais goût, comme à son habitude. Puis, plus rien. Tout est devenu noir.
« Cette lumière… si blanche et pourtant si sombre…Je ne sais pas si je serai capable de me redresser… je suis trempée… je n’entends rien mais je sens une atmosphère épouvantable…». Quand j’ai repris le contrôle de mon corps, je m’entendais siffler ces mots : « éventré, décapité, assassiné, étouffé, massacré, égorgé, supprimé… ». J’ouvris les yeux et vis une sorte de champ de bataille, un après-guerre. Le hachoir ensanglanté dans les mains que je contemplais. Je n’y croyais pas ; J’avais décidé de leur sort. Ai-je finalement été empoisonnée par ce narcissisme que je redoutais tant ? En relisant mes textes, je ne vois que « moi ». C’est le « je » qui m’étouffe et qui domine le texte. Je suis devenu un monstre vaniteux. J’ai choisi le sort de ces gens. Je ne suis qu’une égoïste. J’ai les mains sales. Que dois-je faire ? Me tuer ? Je ne vaux pas mieux qu’eux. Ou bien rester en vie et aller en prison pendant deux ou trois ans, le temps de me reposer. Je ferme les yeux. Je respire. Cette scène me fait penser à un de mes textes. Je l’avais écrit un soir où l’inspiration m’avait portée dans cet endroit sombre de moi-même, mon puits, celui où je vais chercher toutes mes idées, mes réflexions : « Et pendant l’accalmie de mes larmes, vous pourrez voir ce sourire vainqueur, ce sourire de vengeance nourri par la joie que lui procure votre mort, nourri par la haine. Vous mourrez sous mes yeux, et, sur mon visage, vous ne trouverez pas même une once d’amour à laquelle vous accrocher. Vous mourrez dans la peine, vous mourrez en me haïssant, vous mourrez comme j’ai toujours vécu : seule, pleine de haine et de rancœur. À l’heure de votre mort, quand votre souffle ne vous permettra plus de parler, vous désespérerez. Un désespoir nourri par votre incapacité à annoncer votre découverte à haute voix à toutes ces personnes de la famille ici, réunies pour vous. Vous ne pourrez jamais leur avouer ce lourd fardeau, car votre état vous en empêche. Admettons que vous réussissiez à le souffler à un parent, personne ne vous croirait, ils mettront cet aveu sur le compte de la folie. Vous emporterez cette douleur en enfer. Les autres continueront de me considérer comme une fille douce et gentille, tandis que vous, vous mourrez avec mon véritable visage en mémoire. Vous mourrez avec l’image d’un monstre satisfait. Mais ce n’est qu’une accalmie ; ma haine reprendra bientôt le dessus, à la fin de l’enterrement en fait, ma joie disparaîtra. Alors, j’attendrai le prochain enterrement, la prochaine mort, le prochain crime, la prochaine joie, cachant ma colère, comme un monstre insoupçonné. Vous me hanterez sûrement après votre trépas, mais mon sourire restera toujours accroché à mes lèvres, il sera à la hauteur de mon mépris pour vous. Je continuerai de hanter les gens de ma «famille» et attendrai patiemment leur mort, mais si, comme ce fut le cas pour vous, leur mort est trop longue à venir, alors je la déclencherai moi-même.
Mon sang est un poison,
Ma famille une malédiction,
La seule chose que je ne pourrais pas détruire,
Est-ce nom qui va, pour la vie, me maudire,
Même après leur mort,
Leur nom me collera encore. »
J’avais appelé ce texte « l’accalmie du monstre », cette fois-ci pourtant, ce n’était pas un texte mais la réalité. La brise légère aurait pu être douce et agréable si l’odeur du sang ne s’y était pas mêlée. « Je ne vaux pas mieux qu’eux ». Ce sont ces nouvelles paroles qui tambourinent dans mon crâne. J’imagine la réaction de mon père. Il me verra comme un monstre désormais. Il se demandera si je l’ai déjà aimé. Quelle égoïste j’ai été ! J’ai été crédule de vouloir les juger si facilement. Dans mon inconscient, j’étais supérieure, ils étaient inférieurs. J’étais Hitler, ils étaient les Juifs.
En naissant, j’ai commis un meurtre. Celui de ma mère : en m’enfantant, elle mourut d’épuisement. Par deux fois salie, je me rends compte de ma médiocrité et de ma monstruosité. Mon père et moi n’avons jamais vraiment parlé. Mes frères et sœurs sont partis depuis longtemps. Je n’ai pas eu le temps de les connaître. Ils ne me manquent pas. Je n’ai pas besoin d’eux. «L’attachement est une absurdité, une incitation à la douleur ». Cette phrase de Marc Levy est mon hymne, elle est la phrase qui me représente le mieux. Je garde cette phrase, la conserve précieusement. Grâce à elle, j’ai évité des crises de larmes, de colère, des dépressions excessives et des chagrins inutiles. Eviter les autres est devenu un automatisme. Grâce à cette « routine », j’évitais de souffrir et évitais de faire souffrir… excepté ce jour-là.
Suspendue à mes larmes, je déambulais dans mes pensées. Enfant stupide, j’avais cru comprendre ce qu’était la vie. Je ne connaissais rien et j’ai pris conscience de l’ampleur de mon ignorance au fil des minutes. Je sentais le ciel s’écrouler sur mes épaules. La terre tremblait sous moi, tandis que moi… moi… je tombais à genoux, puis le mal-être me fit basculer en avant. En dépit de mes yeux aveuglés par mes larmes, je distinguais les pieds des gens qui se rapprochaient de moi. Puis j’ai fermé les yeux.
Et me voila, j’ai pris pour trois ans… Le pire dans un crime, c’est quand on l’a achevé avec succès. Trois ans de prison pour ce massacre. La mort est si banalisée de nos jours. C’est si simple de tuer.


Dernière édition par Chessxbathory le Mer 1 Aoû - 13:42, édité 4 fois
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Myrien
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MessageSujet: Re: C'est si simple de tuer   C'est si simple de tuer EmptyLun 23 Juil - 18:40

Salut Chess,

Très bon texte, très bien écrit.
Plusieurs fois je me suis demandé pourquoi tu nous racontais ses cours, et tout le blabla. J'ai eu peur que ce soit inutile. Puis quand est venue la prise de conscience suite au crime : elle-même n'est qu'un grand "Je", cela même qu'elle abhorre, cela même qu'elle juge, tout en dénigrant l'acte de juger...
C'était bien chouette. Tout prenait sens.

J'avais repéré une ou deux fautes, notamment un "réfléchie" qui devait être "réfléchis" je crois, mais j'ai pas noter où.
...
Juste ça " Prend ma tasse de café", à la fin du long paragraphe qui commence par "Je décide de rentrer.". Je crois que c'est "Prends" puisque tu insinues le "je" dans la phrase.

Voilà, sinon : très sympa.
Niveau poésie, j'ai particulièrement apprécié la description du soleil et de la lune, deux gitans offrant leur spectacle et se déplaçant de lieux en lieux en roulotte.
Tout ce passage est chouette.

Merci pour ce premier partage =)
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MessageSujet: Re: C'est si simple de tuer   C'est si simple de tuer EmptyLun 23 Juil - 18:42

Un texte prenant! Une intériorisation dans le perso principal bien menée. On connait ses pensées son opinion, ses émotions...

Quelques petites fautes, d'inattention je pense, rien de catastrophique. Cela n'a pas dérangé ma lecture.

Par moments j'ai trouvé la ponctuation un peu étrange. Des virgules ou des points mélangés dans leur rôle. Du coup, certaines phrases devenaient super longues, puis, paf! Un segment qui surgit, petit et là, heu...
Mais cela ne m'a pas trop dérangée pour te lire.

Trois citations dans ton texte Smile. Bien choisies.

J'ai aimé. Un autre!
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MessageSujet: Re: C'est si simple de tuer   C'est si simple de tuer EmptyLun 23 Juil - 19:48

Merci tous les deux, ça me fait vraiment plaisir ! Et pour ce qui est des phrases trop longues c'est tout simple : j'avais écrit le texte dans word, et quand je l'ai copié ici, à la place de certaines virgules ou points on m'affichait un petit carré noir. Je pensais donc que c'était uniquement pour les virgules que les carrés apparaissaient et je n'ai ajouté que des virgules. Je vais rectifier cela tout de suite !
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MessageSujet: Re: C'est si simple de tuer   C'est si simple de tuer EmptyMar 24 Juil - 0:28

Vilain logiciel! Je vais encore plus me méfier de Word. Bref.

De rien, normal Smile. Au plaisir de te relire.
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MessageSujet: Re: C'est si simple de tuer   C'est si simple de tuer EmptyMer 1 Aoû - 12:13

Salut, Chess !

Comme dit précédemment, ce texte est bien écrit. Peu de fautes, bon vocabulaire. J'ai fort bien aimé tes messages, sur Hitler, le jugement, le narcissisme (ouais, ça, j'aime ^^).
C'était bien mis en scène.

En revanche, j'ai trouvé tes paragraphes un peu long. Ca m'faisait parfois perdre le fil, j'ai eu du mal à rester concentré sur le milieu du texte. Avec un peu de mise en page plus aérée, je pense que ce serait mieux !

Enfin, voilà, ce fut une lecture intéressante. Smile


Quelques fautes que j'ai repérées :

Je ne parle pas, mais j’écoute et réfléchie (réfléchis).

Je ne parle pas, cela me donne le temps de réfléchir à certain (certains) sujets, certains phénomènes de société.
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MessageSujet: Re: C'est si simple de tuer   C'est si simple de tuer EmptyJeu 6 Sep - 19:42

Salut à tous, j'avais envoyé ce texte à un concours il y a pas mal de temps, et je viens de recevoir leur critique. Je comprend mieux ce qui m'a disqualifiée, c'est le fait d'avoir parlé d'Hitler, les jury ont mal interprétés ce que je voulais dire je pense , et ils n'ont pas compris certaines autres choses dans mon texte, mais ce n'est pas grave, leurs compliments m'ont fait énormément plaisir ^^ .Voici la lettre que j'ai reçu :

C'est si simple de tuer

Nous avons lu votre nouvelle avec intérêt et émotion. Vous nous offrez un texte désespéré et tragique où dominent la couleur noire (noirceur du ciel, des habits, du café), le silence et la solitude.

La construction est rigoureuse. Dès l'introduction nous savons que le personnage principal et narratrice est en prison et qu'un crime a eu lieu : « leurs corps gisaient à mes pieds. Leur sang les encerclait. » Le premier paragraphe commence par les mots clés : « ils me raillaient. Ils cherchaient à m'écraser... » ; et c'est une plaisanterie de mauvais goût qui à la fin déclenchera l'acte sanguinaire. Le texte se termine avec amertume par le verdict, « trois ans pour ce massacre », qui banalise le crime, et la reprise du titre : « C'est si simple de tuer ». La nouvelle se referme sur elle-même, la boucle est bouclée.

L'analyse psychologique est bonne. La narratrice, une fille encore scolarisée, en butte aux railleries des autres élèves qui la surnomment « Blatte », toujours vêtue de noir, silencieuse et solitaire, obsédée( à tort certes : comment un bébé qui vient de naître serait-il responsable de quoi que ce soit?) par l'idée qu'elle a déjà tué sa mère en naissant, va prendre sa revanche par le meurtre dans un moment de folie. Après le constat page 5 « ma solitude m'a rendu malade », vous nous donnez une bonne description de la plongée dans la folie qui n'est pas sans faire penser à Macbeth. Quant au crime, il est commis page 7 dans un moment d'inconscience, voire d’absence « Tout est devenu noir » ; ce qui est astucieux car la difficulté du crime réside dans le geste à accomplir, heureusement. Vous faites également une bonne analyse de l'après : « j'avais décidé de leur sort », revanche de l'être bafoué, qui enfin a pris le pouvoir et par là-même ne vaut pas mieux que les autres : « je ne vaux pas mieux qu'eux ».

Cependant si nous avons relevé quelques bonnes constatations générales comme : « la peur entraîne la haine », « Ils me font peur.Je les hais. », d'autres remarques sont moins heureuses. Comment penser que « un enfant bercé par un homme ne peut pas s'endormir » ? « La phobie des hommes » est hors contexte ; sans doute aviez-vous besoin de l'exprimer . Et si la phrase : « l'histoire est un grand bain de sang dont nous descendons » est dans le ton du récit, votre héroïne aurait pu penser au progrès de l'humanité au cours des siècles, dont nous sommes aussi l'aboutissement en attendant d'apporter notre pierre à l'édifice. Et surtout nous ne pouvons accepter les deux références à Hitler. Il n'a pas « poussé les idées de sont peuple à l’extrême », les allemands n'étaient pas plus racistes que les Français ou d'autres peuples et n'auraient pas crée seuls les camps d'extermination ; quant à la seconde : « J'étais Hitler, ils étaient les juifs », elle est hors de propos. Méfiez-vous des amalgames faciles.

Dans l'ensemble votre écriture est bonne et votre ton passionné. Outre l'expression de la plongée dan la folie, vous avez su donner, en contrepoint à la noirceur désespérée du texte, quelques belles descriptions poétiques comme à la page 6 : « J'aperçois le mélange subtil de leur couleur...nous illumine de toute sa splendeur pour une nouvelle danse », « La lune couvre nos nuits de tendresse et veille sur nos songes ». De même vous agrémentez la nouvelle de deux poèmes bien réussis page 2 et 8. Votre palette d'écriture est large.

Pourtant nous avons relevé des fautes de style : quelques faux-sens (page 1 « incurable », page 6 « la gratitude ») et quelques maladresses ( page3 « ils décident de qui a le droit » pour « ils décident qui... », « je rentre » pour « je rentrais », « dont je me suis interdite l'entrée » pour « interdit », page 4 « qu'une fois l'avoir perdu » pour « qu'après l'avoir perdu »...)

En conclusion:De toute évidence vous aimez écrire et vous savez le faire. Mais vous êtes encore jeune et très influencée par l'univers scolaire ( la dureté des relations entre élèves, le rejet de celui qui est différent, les programmes d'histoire et peut-être même la littérature). Pour réussir vraiment une œuvre littéraire, il faut voir d'un peu haut le sujet, laisser décanter ce que l'on porte en soi, blessures, pensées, espoirs, pour les dominer et en faire de l'art. Nous ne doutons pas que vous y arriverez avec davantage de maturité. Surtout continuez à écrire.


Dernière édition par Chessxbathory le Jeu 6 Sep - 19:54, édité 1 fois
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Ned Leztneik

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MessageSujet: Re: C'est si simple de tuer   C'est si simple de tuer EmptyJeu 6 Sep - 19:49

Euh ...

" Quant au crime, il est commis page 7 dans un moment d'inconscience, voire d'abscence"

Ils ont vraiment écrit absence ainsi ?


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Chessxbathory

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MessageSujet: Re: C'est si simple de tuer   C'est si simple de tuer EmptyJeu 6 Sep - 19:53

Je suis vraiment désolée, je suis assez nerveuse et je viens de recopier le texte sur l'ordinateur. Je rectifie cela tout de suite!
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Tord

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MessageSujet: Re: C'est si simple de tuer   C'est si simple de tuer EmptyJeu 11 Oct - 17:54

Alors j'ai lu. C'est déjà un bon point parce que c'est long et que j'ai quand même continué la lecture.

Par contre, je ne suis pas fan de ce texte. Il est vraiment très très bien écrit et le style est chouette.

Mais le texte est long (et pas aéré, c'est pas facile des fois à lire) et je trouve qu'il repose parfois sur des détails métaphoriques bien trop présents.

Et surtout, le thème ne me parle pas vraiment. C'est un classique qui a été fait et refait. En fait j'attendais une variante, l'arrivée de quelque chose de surnaturel ou non mais qui changerait la lignée de l'histoire.

Bon tous mes avis négatifs ne le sont que parce que je trouve que les détails doivent être brefs et que l'histoire ne m'emballe pas hein.

Parce que sinon, comme je disais, c'est super bien écrit et si tu fais d'autres textes, je les lirai bien volontiers.

Et pour la critique sur Hitler, c'est juste que dès que tu parles de juif, les gens se méfient et deviennent très cons.
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