* |
|
| Visite fatale | |
|
+4Tord BlutEngel Myrien Mode V 8 participants | Auteur | Message |
---|
Mode V
Nombre de messages : 6
| Sujet: Visite fatale Mer 9 Nov - 4:01 | |
| Premier post !! J'espère qu'il n'y a pas d'expressions ou mots propre à l'usage du Québec... Laissez moi savoir s'il y a des choses que vous ne comprenez pas, que ce soit par rapport au langage ou bien à l'identité du narrateur! Et pour les onomatopées...Paw pour moi ça fait très tonnerre! Merci! --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- « Paw! »
L’homme sort de son sommeil et de sa position horizontale. Désorienté. Haletant. Ses yeux ouverts à leur pleine capacité. Son cœur doit battre aussi vite que les gouttes de pluie qui déferlent sur la vitre de sa fenêtre. C’est le déluge à l’extérieur. Il frotte ses yeux engourdis. Ses membres ankylosés s’étirent longuement. Perturbé, il regarde autour de lui. Il ne trouvera pas. Sa chambre baigne dans la pénombre la plus complète. Un semblant de cellule où se compressent un lit, un bureau et une commode.. Tapie dans l’ombre, je commence le décompte. Un éclat de lumière emplit la pièce confirmant sa vacuité. Il se lève vers la fenêtre. Un zigzag flamboyant déchire la nuit. La pluie tambourine toujours de plus belle sur la paroi transparente.
« Paw! »
Un cri de terreur déchirant le ciel retentit comme si la foudre s’était abattue devant lui. Il se recule du rebord de la fenêtre, incertain de la protection qu’elle pourrait lui apporter. Il cherche encore, mais ne trouve pas. Impossible qu’il puisse me voir. Ses yeux se posent sur son cadran. Il prend son nécessaire pour se laver puis sort dans le couloir. Les vieux néons renvoient une lumière timide et tremblotante. L’étage est endormi malgré la cacophonie orageuse. Il regarde encore autour de lui. Il ne perçoit que ma présence. Le bruit de la porte de sa douche qui s’ouvre et se ferme. Celui de l’eau qui déferle de façon saccadée sur le sol. D’autres portes qui s’ouvrent et se referment. L’orage à l’extérieur se calme et le corridor s’anime. Des bruits de pas, de voix emplissent les lieux. Il revient dans le couloir dégoulinant de la tête au pied. Une serviette pourpre lui entoure la taille. Se dirigeant vers sa chambre, il s’arrête devant: la porte est entrouverte. Il la pousse avec son pied. Une femme se tient au milieu de la pièce compacte. La finesse de ses vêtements et de son sac à main bourgogne contraste avec l’aspect de sa crinière rouge mouillée.
- Sors, lance-t-il d’un ton exaspéré.
La jeune fille se retourne. Elle ne semble pas tenir compte de la demande exprimée à son endroit et se jette au cou du jeune homme. Ses lèvres carmin s’élancent vers celle du garçon qui les repousse violemment.
- Zoé, j’t’ai dit de sortir.
- Mais, Marc, dit la jeune femme en essayant de s’accrocher à lui, je me suis tellement ennuyée.
Il s’écarte de nouveau. Ses yeux renvoient plus de colère que de compréhension.
- Tu vois ben que j’dois m’habiller, lui jette-t-il, en la forçant à quitter la chambre.
- Je vais t’at…
Le claquement de la porte retentit enterrant ainsi la fin de sa phrase. Marc soupire fortement avant d’arracher sa serviette pour se sécher. Ses mouvements sont mécaniques. Il s’arrête un instant. D’un regard méfiant, il parcourt la pièce puis secoue la tête. On me sent toujours peu de temps avant, mais on s’attarde rarement sur ma présence. De sa fenêtre il distingue l’averse et son ruissellement apaisant sur le sol. La tâche terminée, il lance le linge humide vers une malle au pied de son lit. Il regarde la porte. S’ébouriffe les cheveux et se penche vers un petit réfrigérateur. Il en ressort un fruit. Rouge. Reluisant. Tentant. Il en prend une bouchée à pleine dent. Il semble juteux. Savoureux. J’en aurais presque l’eau à la bouche. Mais c’est défendu. Il ramasse un t-shirt, des boxers et une paire de jeans traînant sur la commode. Une fois habillé, Marc se laisse tomber sur le matelas rigide et termine son déjeuner.
« Toc toc ! »
Persistante, cette Zoé. Sans même attendre une réponse, elle entrebâille la porte.
- Tu es habillé, demande une petite voix cristalline.
La question semble plus une affirmation qu’autre chose puisque la jeune femme peut apercevoir Marc allongé au fond de la pièce. Il se relève aussitôt. Ce qu’étrangement Zoé prend pour une invitation. La porte se referme. Seuls dans une boîte d’allumettes.
- Qu’est-ce que tu veux? lance Marc en rompant le silence.
Toute sa physionomie exprime son manque d’intérêt. Bras croisés. Air renfrogné. Regard fuyant.
- Ce que je veux? Comment peux-tu me demander ça? Marc, je t’aime, lui dit-elle, je veux être avec toi.
Il soupire.
- Tout ça, c‘était une erreur. J’pensais que tu comprenais à quoi s’en tenaient nos échanges.
Les yeux de la jeune femme s’emplissent de torrents de douleur. Ses mains tremblantes sur son visage cramoisi veulent les retenir, les cacher. Sa peine se reflète sur toute la pièce. Profonde et viscérale. Sa voix chevrotante.
- Je ne te crois pas.
Long soupir d’exaspération. Il est dépassé par son aveuglement. Moi par la longueur de l’attente.
- J’en aime une autre. Tu le sais. C’a toujours été elle et ça sera toujours elle. Marc prend les mains trempées de Zoé pour découvrir son regard rougis par les larmes. Suppliant, il se cramponne à celui de Marc. Elle cherche dans ses yeux une lueur d’amertume, de doute, de tendresse auquel elle pourrait s’accrocher. Elle ne trouvera pas. Il est de marbre. Absolu et plein de conviction.
- On s’est amusé un temps, mais il n’a jamais été question d’autres choses entre nous. Tu savais que j’étais avec elle et que j’avais aucune intention de la quitter dès le départ.
La pluie se met à clapoter sur la fenêtre. À elle se mêlent, les sanglots et reniflements de la femme aux cheveux rouge. Marc laisse tomber ses mains. Elle les reprend aussitôt.
- Non, crie Zoé.
Exaspéré, il l’écarte brutalement la faisant basculer sur le sol. « Enfin! » La surprise de son geste se lit sur son visage. Spontanément, il se penche pour l’aider puis s’arrête. Ses sourcils se froncent. Anxieux, il survole la pièce rapidement. M’a-t-il entendue? Puis revient à Zoé et se fige.
À la main, la jeune femme tient un couteau. Tristesse. Colère. Rancune. Tout ce qu’il me fallait. La rage est plus rapide que la surprise. C’est l’heure. Impatiente et avide. L’attente allait porter fruit. Les coups se succèdent. Tremblants et incertains. Ils cherchent. Ils fouillent. Désireux de me rendre ce qui me revient. Les larmes et le sang coulent au même rythme. Et puis, tout est fini. Écarlate de la tête au pied. À peine consciente de la boucherie qui s’est déroulée sous ses yeux, Zoé se relève. Recule. L’incompréhension fait place à la peur. Certaine de sa culpabilité, la demoiselle au teint violacé se précipite vers la sortie. Pourtant, la faux immaculée de sang se trouve entre mes mains. À l’extérieur, l’orage est terminé, tout comme la vie de Marc.
| |
| | | Myrien Admin
Nombre de messages : 1695 Age : 38 Localisation : Sur une route
| Sujet: Re: Visite fatale Mer 9 Nov - 14:51 | |
| Ouaah J'ai adoré la lecture ! J'ai compris un peu trop tôt mais il est difficile d'amener le doute sans qu'il y ait une certitude du lecteur avant la fin (je sais pas si je suis clair). En tout cas, c'était propre, bien écrit, on voit même une différence de langage entre Marc qui parle et le narrateur qui raconte. La chose est vraiment bien amené je trouve. La présence de la mort qui attend qui tous les éléments se mettent en place, l'intuition du condamné, le cheminement psychologique de Zoé qui la mène à la vengeance aveugle... Moi je dis "félicitations" pour ce texte. Paw, pourquoi pas, ça va. Krak, sinon. Schkrizmblupl ! aussi, why not ? J'ai juste tiquer sur - Citation :
- Le claquement de la porte retentit enterrant ainsi la fin de sa phrase
où j'aurai plutôt mis "recouvrant" à la place de "enterrant" Et tiqué aussi sur les boxers et la paire de jeans. Pour la France en tout cas, on dit plutôt un boxer et un jean. Mais mince, si ça se dit au pluriel chez toi, laisse donc comme ça ! =D Je ne sais pas bien quoi dire pour "améliorer" ta nouvelle. C'est très bien fait. Bien joué | |
| | | Mode V
Nombre de messages : 6
| Sujet: Re: Visite fatale Mer 9 Nov - 20:53 | |
| Je suis contente que tu aies compris facilement que c'était la mort. Mes amis me disaient qu'il n'y avait pas assez d'indice. J'en ai même un qui pensait que mon narrateur était un objet... bref je crois que je pourrais peut-être mettre un peu plus d'emphase sur la présence de la mort... Oui Marc la ressent mais je pourrais peut-être apporter la sensation d’oppression lors du dialogue parce qu'à ce moment la mort se fait moins ressentir...mais je ne sais pas si ça ferait trop... Je suis d'accord avec ta remarque sur le mot enterrant c'est vrai qu'il alourdit la phrase... je crois même la refaire. PS : À vrai dire pour la paire de jeans, l'orthographe est acceptés avec ou sans "s" mais pour les boxers l'usage ici est tellement à le mettre au pluriel que je ne me suis pas attardée sur la faute qui en est effectivement une. Merci pour tes commentaires!!!! | |
| | | Myrien Admin
Nombre de messages : 1695 Age : 38 Localisation : Sur une route
| Sujet: Re: Visite fatale Mer 9 Nov - 22:43 | |
| En fait pour le jeans c'est plutôt que je n'ai pas bien saisi si tu parlais d'un pantalon en jean (auquel cas on dit, en France en tout cas, simplement "un jeans") ou si tu parlais d'une paire de chaussures. C'est ça que je voulais dire. Au début, je me demandais qui était le narrateur, bien sûr. Mais ce doute était intéressant, je me suis demandé si c'était un fantôme ensuite, puis l'idée est venue petit à petit que c'était effectivement la mort. Quand tu as installé la notion d'attente. Le narrateur (la mort) "attend" quelque chose. Et en même temps que cette notion se développe, l'action continue et se développe aussi, et on voit le schémas se préciser, la dispute, etc. Ne nous fait pas comprendre la chose trop tôt. Enfin, l'idée que la présence de la mort est tout à fait naturelle, ben c'est logique puisque c'est la mort, la narratrice. Pour moi, pas la peine d'en rajouter. Mais au final, c'est toi l'auteure ! | |
| | | BlutEngel
Nombre de messages : 1087 Age : 34 Localisation : Turku, Varsinais-Suomi, Suomi
| Sujet: Re: Visite fatale Jeu 10 Nov - 8:42 | |
| *retournement cérébral* *remise en route de mes esprits* *cherche à dire quelque chose de sensé* GENIAL *ah, il manque encore des réglages: parler, s'exprimer* Très bien écrit, j'ai adoré. *peut mieux faire* Je fus aspirée dans l'histoire, et bien que cela pourrait être prévisible, j'ai aimé quand même. Cette division de l'esprit... Wouah *encore des progrès à faire, dis donc!* Hâte de te relire | |
| | | Tord
Nombre de messages : 273
| Sujet: Re: Visite fatale Jeu 17 Nov - 17:11 | |
| | |
| | | adrienf
Nombre de messages : 88 Age : 29 Localisation : Belgique
| Sujet: Re: Visite fatale Mer 15 Fév - 20:40 | |
| J'ai adoré ta nouvelle. Très bien écrite. Au début je me demandais ou tu voulais en venir puis de fil en aiguille on comprend. Seul petit bémol, j'ai du relire plusieurs fois pour comprendre le dernier paragraphe. Sinon excellente | |
| | | Myrien Admin
Nombre de messages : 1695 Age : 38 Localisation : Sur une route
| Sujet: Re: Visite fatale Mer 15 Fév - 21:28 | |
| Quant à moi, j'ai trouvé que le dernier paragraphe était une perle rare. | |
| | | Aleyna
Nombre de messages : 163 Age : 32 Localisation : Neverland
| Sujet: Re: Visite fatale Mer 29 Fév - 2:54 | |
| J'ai beaucoup aimé ! Le style est superbe, cela met de la tension dans le texte. J'ai quand même eu du mal à faire la différence entre Marc et le narrateur, mais je pense que c'est surtout dû à ma fatigue, donc ne fait pas attention Simplement, je pensais pas que c'était la mort avant la référence à la faux, je pensais que c'était la femme trompée... Je dois avoir l'esprit d'une psychopathe... ^^' Ça aurait pu se tenir aussi, non ? J'ai tout de même vu ton texte d'un autre œil avec cette révélation, et j'aime bien ! Bref, joli texte !! | |
| | | Azraël
Nombre de messages : 1277 Age : 35
| Sujet: Re: Visite fatale Lun 5 Mar - 22:17 | |
| Mode V, si tu repasses ici un jour, toutes mes félicitations pour ce texte. Je n'ai pas grand chose à dire... Le suspens est bien mené, l'histoire bien écrite, fluide, d'une longueur idéale pour ce type de récit... Et la révélation est annoncée avec toute la subtilité nécessaire. Bravo. | |
| | | Maître Kong
Nombre de messages : 181 Age : 124 Localisation : Edgecombe
| Sujet: Re: Visite fatale Mer 28 Mar - 19:40 | |
| Nihihi. Fort bien fait. Cela dit, faites attention, dans certaines phrases, il manque des mots comme : L’attente allait porter fruit. >> ses fruits. Il aurait peut-être aussi fallu plus nettement distinguer le personnage mystérieux qui attend (bah quoi, je spoil pas) du reste du récit. En mettant en italique par exemple. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Visite fatale | |
| |
| | | | Visite fatale | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|