Cette fanfiction très courte est un combat entre deux chevaliers inventés : celui du Compas (oui, oui, je vous assure que c'est une constellation) et celui de la Vouivre (une invention totale). C'est donc un combat de chevaliers, et rien d'autre. Si vous aimez l'univers, les discours sur l'amour et l'amitié, les phrases théâtrales, vous êtes au bon endroit. Sià l'inverse les chevaliers ne vous intéressent pas, il vaut mieux passer votre chemin dès à présent !
***
Comment fait-il pour esquiver toutes mes attaques ? Ce n'est qu'un misérable chevalier de bronze !Serki était épuisé. Il avait besoin de récupérer un peu. Le combat avait pourtant commencé à son avantage.
- Pourquoi la situation a-t-elle changé ? demanda-t-il pour gagner du temps.
- Je te l'avais dis : une même attaque ne fonctionne deux fois sur un même chevalier !
- Mais tu étais pourtant à l'agonie, plus mort que vif il y a encore quelques instants. Tu es plus faible, moins rapide, moins expérimenté que moi !
- Serki, chevalier de la Vouivre, sache que nous autres, chevaliers d'Athéna, combattons pour un but qui va bien au-delà de nos ambitions personnelles. Même si nos corps sont brisés, même si notre puissance semble faible par rapport à notre ennemi, jamais nous n'abandonnons un combat si nous le jugeons digne d'être poursuivi, pour protéger les humains. Et c'est cet acharnement à combattre, cette foi infinie que nous avons en Athéna et son amour pour la Terre qui nous permet de repousser nos limites et de vaincre nos ennemis.
- Ce que tu dis est ridicule ! Alors comme ça tu penses pouvoir gagner parce que... tu combats pour... le Bien ?
- Athéna saura m'apporter la victoire.
- Désolé de te décevoir, chevalier du Compas, mais je refuse de t'accorder la victoire aussi facilement. Ce n'est pas un de tes beaux discours qui va me laisser à bout de forces !
Ryan, le chevalier du Compas, s'autorisa un sourire.
- Tu n'as donc pas compris que si je te fais ce discours, c'est pour répondre à ta demande muette.
- Que dis-tu ?
- Ne voulais-tu pas reprendre ton souffle ?
Serki sentit une goutte de sueur froide glisser le long de son visage, depuis sa tempe jusqu'au bout de son menton.
Le terrain désertique qu'ils avaient choisi pour combattre lui semblait tout à fait approprié.
Avant.
Mais maintenant il se demandait s'il n'avait pas fait preuve d'un peu trop d'assurance en entendant le nom de celui qui était son adversaire.
Qui aurait pu se douter que le chevalier du Compas puisse développer de telles facultés et résister tout ce temps.
Est-ce là la véritable puissance de tous les chevaliers de bronze ?Il se devait de reprendre l'avantage. Et c'est ce qu'il allait faire en faisant appel à toute sa cosmo-énergie.
- Chevalier d'Athéna, tu as eu tort de me donner se répit. Et tu le regretteras amèrement.
Les mots ne parurent pas avoir le moindre effet sur son adversaire. Pire, Serki le voyait remuer les lèvres en même temps que lui, lorsqu'il parlait. Est-ce qu'il était certain de sa victoire au point de se ficher de lui et de le singer ?
- Tu ne devrais pas sous-estimer la puissance des chevaliers d'Héphaistos. Sais-tu ce qu'est une vouivre chevalier ?
Ryan avait continué à remuer les lèvres lorsque son ennemi parlait, et sa réponse fusa au centième de seconde qui suivit la fin de la question de Serki.
- Parle donc, Serki. C'est tout ce qu'il te reste à présent.
Serki ignora cette remarque qu'il ne comprenait pas et commençait à s'auréoler d'une aura verte et rouge.
- La vouivre est un serpent-dragon légendaire. Il rode sur la surface de la terre, et son troisième œil est un rubis géant qui lui permet d'aveugler ses proies pour mieux les dévorer. Chevalier du Compas, je n'ai encore jamais connu la défaite. Et ce n'est pas toi qui viendras me l'apporter !
Appelant à lui une part du big bang, l'énergie créatrice de l'univers, Serki intensifia brièvement sa cosmo-énergie. Son adversaire ne fit rien pour l'en empêcher.
Il se condamne lui-même à la mort, songea-t-il.
Pourquoi continue-t-il de remuer les lèvres comme cela ? C'est de l'intimidation ! Oui, c'est ça.- Ta méthode est pitoyable, chevalier Ryan. Reçois maintenant le châtiment suprême du chevalier de la Vouivre : Galactic Flash !
Tout le cosmos accumulé par Serki avait été condensé en un point unique entre lui et Ryan. Dirigeant cette masse d'énergie vers elle-même, il créa une fraction dans la matière, entraînant une explosion nucléaire en miniature. Toujours en dirigeant son cosmos, l'explosion se répercuta d'atome en atome selon sa volonté et il forma une sphère autour de son adversaire. De l'extérieur, il ne se passa rien.
De l'intérieur, Ryan venait de subir l'espace d'une demi-seconde l'effet d'une exposition au soleil à l'oeil nu pendant cent ans de vie.
Lorsque la sphère de lumière disparut, libérant le chevalier d'Athéna, celui-ci n'avait pas bougé. Rien n'avait changé, excepté ses yeux toujours ouverts, et blancs.
Ryan était devenu aveugle.
- Maintenant tu es à moi !
Le chevalier de la Vouivre se propulsa en avant avec une rapidité et une agilité qui avait toujours suscité l'admiration de ses pairs. En moins d'une seconde, il réduisit totalement la distance entre lui et son ennemi aveugle, à cent-cinquante mètres. Depuis son attaque, moins de deux secondes s'étaient écoulées et l'autre semblait encore sous le choc.
Je ne laisserai pas passer cette occasion d'emporter la victoire !Ryan sentit son adversaire et chercha à se mettre sur ses gardes.
Pas assez tôt.
La Vouivre frappa dans le ventre de son adversaire. Non, il ne voulait pas l'achever immédiatement. Il avait mérité sa victoire. Il avait mérité de faire souffrir le perdant jusqu'à ce qu'il le supplie de le délivrer de la douleur.
- Tu veux tomber à genoux ? (Serki cueillit Ryan sur le menton avec un uppercut du gauche. Celui-ci s'envola dans les airs et n'eut même pas le temps de crier sa douleur que son agresseur s'envolait déjà dans les airs pour enchaîner avec une sorte de reprise de volée.) Ta vie m’appartient, chevalier ! Ta mort n'est qu'une question de temps !
Le chevalier du Compas, qui paraissait si fier dix secondes plus tôt, semblait maintenant puiser dans ses dernières ressources pour se relever. Quand il fut debout, tournant à moitié le dos à Serki sans même le savoir... il rit.
Le chevalier de la Vouivre sourit à son tour.
- La peur de la mort te ferait-elle perdre la raison ?
- La peur de la mort te ferait-elle perdre la raison ?
- Que... ?
- Que... ?
Est-ce que je rêve ? J'ai l'impression d'entendre mon propre écho, pensa Serki.
Ryan se retourna vers la Vouivre, s'alignant exactement avec son adversaire. C'était lui, à présent, qui avait le sourire aux lèvres.
- Qu'est-ce que cela veut dire ? fit Serki.
- Qu'est-ce que cela veut dire ? répéta le Compas au même moment. Peut-être veux-tu connaître à ton tour l'histoire du Compas ?
- Je n'ai que faire de tes tours de passe-passe et de tes histoires ridicules. Tu es aveugle et tu ne peux plus rien contre moi. Par les crocs de la vouivre, meurs !
Mettant alors à profit sa formidable rapidité, son agilité, et une dose bien jaugée de cosmo-énergie, Serki se propulsa en avant. Cette fois c'en était trop. Il ne le laisserait pas survivre à sa prochaine attaque.
Concentrant toute sa puissance dans son bras droit, chacun de ses doigts serait à présent aussi puissant que ses poings et aussi tranchants que les crocs acérés de la vouivre légendaire.
Sa main se dirigea vers la tête du chevalier du compas. Vers sa mâchoire.
L'empêcher de parler ! je veux lui arracher ce qui lui sert à prononcer toutes ses inepties !Il s'approcha jusqu'à être devant lui, banda son bras -
BIG SNAKE ATTACK - frappa avec la vivacité d'un reptile...
Et ne rencontra que le vide.
Ryan le chevalier du Compas avait esquivé le coup meurtrier en dessinant un arc de cercle sur sa trajectoire.
Comment s'est-il déplacé jusque là-bas ?Ryan était à quelques mètres sur la gauche du chevalier de la Vouivre, un sourire aux lèvres. Ses yeux, toujours aussi blancs, le fixant comme un mort.
- Tu ne m'échapperas plus ! lança Serki.
- Tu ne m'échapperas plus !
Coup de pied, frappe de la paume, feinte, toutes les bottes de Serki étaient mises sur cette action. Il enchaînait les attaques à un rythme effréné et ne ralentissait pas. Sa cosmo-énergie était à son comble, il frappait à une vitesse désarmante et chaque coup aurait brisé un mur d'acier.
Pourtant son ennemi parvenait à chaque fois à esquiver de justesse, tout sourire. Il semblait s'amuser comme un enfant. Il venait de dépasser le stade de la tension. Au-delà de ça, un sentiment nouveau commençait à envahir le corps du puissant chevalier de la Vouivre.
- Mais tu dois perdre ! hurla Serki face à ce qui se déroulait devant lui. Il découvrait la frustration.
- Mais tu dois perdre ! répétait Ryan en même temps. Nous avons assez joué, tu as raison. Saches que mes yeux n'ont jamais été d'une quelconque utilité depuis que je suis devenu chevalier. A moi maintenant !
Il se jeta sur son adversaire comme un suicidaire. L'autre envoyait tout ce qu'il avait et chacun de ses mouvements été porté avec la célérité et la puissance destructrice de la vouivre légendaire. Il voulait cependant utiliser ses attaques spéciales pour tenter d'en finir une bonne fois pour toute, mais le Compas lui mettait une pression qu'il n'avait encore jamais connue dans un combat et Serki ne trouvait aucun répit pour concentrer sa cosmo-énergie. Dès qu'il ne frappait pas, l'autre venait au contact.
Ryan s'insinuait sous chaque attaque. Il fonçait tête baissée puis esquivait un coup de poing dirigé vers sa tête. Si Serki tentait un coup de pied, il plongeait en dessous. Il passait dans son dos, sautait dans les airs, s'insinuait dans tous les interstices, et ainsi, petit à petit, épuisait son adversaire. Rien ne le touchait, rien ne l'arrêtait.
Comment fait-il ça alors qu'il devrait déjà aux portes de la mort ? pensa Serki.
- Il est trop tard pour demander un temps mort, chevalier de la vouivre. Maintenant, c'est à mon tour d'attaquer !
Et la tendance s'inversa. Inévitable. Imparable.
Chaque tentative de frappe de Serki se soldait avant par un échec. Maintenant, à chaque esquive s’ajoutait une riposte.
Sur un direct du droit, Ryan s'était glissé au travers de l'attaque. Se positionnant de profil, le coup passa juste devant son nez. Dans le même temps, il frappa en uppercut sur le coude de l'adversaire.
Bruit d'os brisés.
Les articulations. C'était les parties faibles de toutes les armures.
La vouivre ne se laissa pas vaincre et tenta d'attaquer avec son autre bras. Mais le heaume du chevalier du compas s'écrasa bien trop vite sur son nez.
Bruit de cartilage écrasé.
Cri de douleur.
Ryan ne lui laissa pas une seule chance et s'empara avec les deux mains de la jambe gauche du chevalier. S'en perdre un seul centième de seconde, il opéra une rotation sèche et déboîta proprement la rotule du genou.
Cri de douleur et de frustration.
- Flat Angle Strike !
Serki n'avait rien vu venir et reçu de plein fouet l'attaque chargée de cosmos du chevalier du Compas qui formait une seule ligne entre sa jambe d'appuie et sa jambe de frappe, tel un compas ouvert à 180 degrés.
Serki vola dans les airs puis retombar là où il s'était tenu debout un instant plus tôt, le plastron de son armure réduite à l'état de miettes, tout comme deux de ses côtes.
Ryan avait gagné.
Il recula de quelques pas.
- Sais-tu que de tous temps, les marins utilisaient le compas ? Le compas est un instrument dérivé des horloges solaires, ces bâtons plantés dans le sol pour indiquer le passage du temps. Ces deux outils, malgré leur aspect rudimentaire, sont en fait d'une précision étonnante. (Il s'arrêta une seconde pour être sûr que le chevalier de la vouivre lui donnait bien toute son attention.) L'armure du compas, anciennement armure de l'horloge solaire, utilise le cosmos pour m'aider à capter les moindres variations de mon environnement cosmique. En d'autres termes, Serki, à chaque fois que tu as pensé une attaque, mon armure était là pour m'informer de tes intentions. Comme une horloge solaire capterait les moindres variations du temps. De même, sache que tout ce combat, depuis le début, est calculé.
Serki n'osait pas comprendre.
- Que veux-tu dire ?
- Que veux-tu dire ? fit Ryan du Compas en même temps. (Il laissa à Serki quelques secondes de réflexion. Lorsqu’il fut sûr que celui-ci avait bien comprit son message, il reprit.) Je veux dire que la formation que j'ai suivi pendant six années au sanctuaire de Grèce m'a permis d'apprendre à deviner le futur proche, ou plutôt à lire les signes cosmiques qui parcourent notre terre. Ces signes, c'est toi qui me les envoies involontairement.
- Alors, comme un compas de marin, ton armure était l'outil qui t'a permis de te tracer une route à suivre jusqu'à la victoire ?
- Que tu comprennes avant de mourir, ça aussi, c'était prévu.
- ... Joli coup... Ryan, chevalier du Compas, tu n'es pas le plus puissant, ni le plus rapide, mais tu es certainement le combattant le plus incroyable que j'ai eu à combattre durant cette vie. J'espère te combattre à nouveau un jour, chevalier.
Avec difficulté, il se redressa, attendant le coup de grâce.
- Frappe, chevalier du Compas.
- Tu aurais pu aussi renoncer et cesser de combattre pour ton dieu belliqueux...
- Mais tu sais très bien que si tu me laisses en vie, je reviendrai un jour et réessaierai de te tuer, toi et tous les autres chevaliers d'Athéna. Et je suppose que ça aussi...
- C'était prévu.
- ...c'était prévu.
Serki écarta les bras, prêt à recevoir le coup de grâce.
Ryan appela à lui sa cosmo-énergie, la laissa s'intensifier avec une lenteur respectueuse. Son adversaire méritait de mourir sous la plus grande attaque du chevalier du compas. Son cosmos vint se rassembler autour de lui et forma des cercles bleus qui tournoyèrent rapidement. Tendant un bras vers le haut pour armer son attaque, Ryan était enfin prêt à déployer toute sa force. L'énergie accumulée faisait vibrer son armure de bronze.
- Serki, chevalier de la vouivre, aujourd'hui nous étions ennemis. Mais si d'aventure nos chemins devaient se croiser dans une vie future, je souhaiterais plutôt te recevoir en frère. Adieu. Que l'aiguille tournoyante t'apporte la délivrance.
L'air se condensa.
- Spinning shot !
Le chevalier du compas pointa alors le tranchant de sa main en direction de Serki. Les vagues de cosmos tournoyantes quittèrent le corps de leur possesseur par le bras qui frappait, et ce fut au total douze cercles de cosmos purs fonçaient et se mêlaient entre eux pour ne former qu'une unique pointe de force tourbillonnante.
Cette masse de matière énergétique fonça droit sur sa cible, qui ne chercha pas à esquiver et accueillit l'ultime attaque du Compas avec respect et résignation.
***
Le corps sans vie reposait maintenant dans la terre. Ryan était partit chercher du bois à plusieurs kilomètres de là pour pouvoir y planter une croix. Avant de partir, il déposa sa carte. Pour que si un autre chevalier d'Héphaistos passe par ici, il sache qui avait tué ce valeureux chevalier. Ainsi il mettait sa vie en danger, mais avouer son acte était pour lui une preuve de respect.
- Serki, chevalier d'Héphaistos de la Vouivre, je ne t'oublierai pas.