Le lavabo

Une odeur étrange envahissait les sanitaires de l’établissement chaque matin. C’était un mélange d’odeurs, et savoir de quoi était fait ce mélange semblait impossible. Il y avait des senteurs fruitées, probablement originaires de savons. D’autres venaient de l’extérieur, les fleurs réchauffées par le soleil levant transpiraient un parfum naturel agréable.
Cependant, une odeur plus agressive venait s’imposer. François pensa aux relents des égouts qui prenaient la fuite par les tuyaux rejoignant le trou d’évacuation d’eau.
– Salut, François. Un problème subsiste au fin fond de cet internat, déclara Marcel en voyant son ami.
– Moi aussi, j’ai repéré un phénomène que je n’arrive pas à expliquer, répondit François sans réellement tenir compte de ce qu’avait dit Marcel.
– Il survient principalement le matin.
– Il perturbe mes narines à chaque fois que je pénètre dans la salle, continua François sur le dialogue de sourds.
– Je suis certain que ce lavabo est victime de dégradations odorantes.
– Il n’y a aucun doute sur la puanteur de ce lavabo.
– Comment va-t-on s’en sortir ? Se laver dedans est terrible.
– Que faire ? Il va falloir que l’on trouve le coupable.
– Aussi, pourquoi ce lavabo est aussi bas ?
– La taille de cet ustensile d’hygiène doit pouvoir justifier cette odeur.
Les deux hommes contemplaient le lavabo avec un zèle imperturbable. Chacun activait ses neurones pour balancer une théorie pertinente avant l’autre.
Après quelques minutes de concentration, les fronts, à la base mats et secs, étaient devenus brillants et humides. Les cerveaux bouillaient de questions irrésolues et frustrantes quand tout à coup, François enclencha un dialogue.
– J’vais pisser.
En réalité, il s’agissait juste d’une information. Avec tout ce qu’il avait sué, il était étrange qu’il ait envie d’uriner.
Lorsqu’il dégagea le liquide jaune de son sexe, une odeur ressemblant particulièrement à celle du lavabo émergea dans le cabinet. C’est alors que François comprit ce qu’il s’était passé.
Il quitta la cabine en levant les mains. Le malheureux avait oublié de reboutonner son pantalon. Ainsi, celui-ci glissa et fit tomber son propriétaire. Son ami, Marcel, ne se précipita pas pour l’aider. François se releva, boutonna son pantalon et hurla :
– Un être a uriné dedans ! Le vil fourbe !
Marcel ne démarra pas un dialogue de sourds, comme ils l’avaient fait précédemment.
– Comment le sais-tu ?
– Hume les toilettes, déclara son ami en indiquant le cabinet où il était allé, car la chasse n’avait pas été tirée.
Alors Marcel alla humer les toilettes.
– Il faut maintenant découvrir le coupable, déclara François, motivé par cette future enquête.
– Ah, mais il est là ! Ca fait dix plombes que je vous cherche, Mr. Freluche ! Je vous ai déjà dit mille fois de ne pas vous laver dans l’urinoir !
L’homme en blanc saisit François et le sortit calmement de la salle.
– Vous oubliez Marcel, il est aux toilettes.
– Je reviendrai le chercher, ne vous inquiétez pas, ne vous inquiétez pas.

Intéressant.

On comprend trop tôt une partie de la fin.

Spoiler:

Du coup, je prenais les deux protagonistes pour des billes et la toute fin

Spoiler:

Ça, je ne m'y attendais pas.

Sinon, c'est bien écrit. Le passage dialogue de sourd du début concorde tellement bien avec un dialogue normal qu'on ne dirai pas un dialogue de sourd. C'est dommage, il y a un potentiel humoristique ici.

Quelques détails :

Citation :

Lorsqu’il dégagea le liquide jaune de son sexe, une odeur ressemblant particulièrement à celle du lavabo immergea dans le cabinet

Ici je pense que tu voulais mettre le mot "émergea".

Et ici il manque le mot "pour"

Citation :

Son ami, Marcel, ne se précipita pas l’aider.

Je n'ai rien repéré d'autre.

Un texte court, pas ennuyeux étant donné l'importance des dialogues. Mais certaines phrases seraient donc à retravailler je pense.

Dans l'ensemble, j'ai donc bien aimé. Aussi parce que le lavabo est un thème trop peu utilisé dans le milieu de la littérature ! Pourquoi parler de dragon, de capes et d'épées ou encore de boules de feu quand on a des lavabos ?

Merci pour le commentaire.
Je me suis embrouillé pour immerger/émerger. Pour le dialogue de sourds, j'trouvais que ça se ressentait, mais il est vrai que ça pourrait passer en dialogue normal.
Je suis tout à fait conscient de la fin prévisible, voilà pourquoi il y en a une double. ~~
Ca tombe bien, je pensais justement écrire un prochain roman sur les ustensiles en porcelaine !

Sujet plutôt Amusant et inattendu (c'est pas la deuxième fois que je qualifie tes histoires d'inattendue ?)

J'ai bien aimé la chute parce qu'au contraire de Myrien, je n'avais pas capté avant la fin...

J'ai eu un peu de mal à comprendre le dialogue de sourd. Je ne comprenais pas trop l'histoire du coup je ne voyais pas où il voulait en venir !

T'as le chic pour écrire des histoires sympas ! Bravo

En réalité, sur les cinq textes que j'ai posé, tu as dis une fois "Quelle chute !" et quatre fois que tu ne t'attendais pas à cette fin. Du coup, je suis fort flatté.
Merci de dire que j'ai le chic d'écrire des histoires sympa. C'est un peu mon objectif, je dois dire.
Je remarque que j'aime de plus en plus écrire des petites histoires, des nouvelles. Un long roman demande une persévérance presque incompatible avec mes changements constants d'idées. Du coup, je remarque qu'écrire devient très vite une contrainte quand c'est long.
Peut-être que je ferai un livre de nouvelles intitulé : Contes de barde

Je pense qu'un livre de nouvelles te conviendrait tout à fait ! Tu écris cela fort bien...

je partage cette idée. Et "contes de barde" c'est class ! =D

Je suis amplement d'accord, j'ai progressé depuis l'écriture de ce texte, que j'avais d'ailleurs écrit après une forte période de non écriture, et l'envie d'écrire ne me dévorait pas encore les entrailles.
Ce n'est pas l'un de mes textes favoris non plus, donc je suis ton avis.
Après, pour la phrase contenant "originaires de savons" cela ne me choque pas autant que toi. ^^

Ce n'est pas le texte que j'ai pu lire de toi que je préfère, j'ai été un peu dubitative sur le dialogue de sourds. Mais je ne m'attendais pas à la fin ! Je n'avais pas compris que c'était un urinoir, ni que c'était dans un asile... Je n'avais pas percuté que l'homme en blanc était un infirmier, c'est quand j'ai lu le commentaire de Myrien que j'ai compris ! C'était bien trouvé quand même

Aaaaah, qu'est-ce qu'il a fait des progrès notre Iniourfeïss en quelques mois seulement...
Une véritable métamorphose !! =D
(oui, je suis ignoble)

Ce texte est magnifique car, sans être nul pour autant hein, t'inquiète pas, il montre à quel poit tu as avancé. Ouaip, respect cavalier !
("Cavalier", ce terme te colle bien je trouve.)

Histoire originale (un dialogue de sourds... yaaaaay) et une fin inattendue. Ouais une vraie chute quoi. Blam. Et là ça prend tout son sens.
Le lavabo. Mis à part la fameuse chanson de Lagaffe (c'est lui? J'ai un doute maintenant), je n'ai vu nul part quelqu'un utiliser ce fameux lave-mains etc pour l'exploiter de la sorte. Hum. Donc original.