Plongeon au coeur d'un conte

Plongeon au cœur d’un conte

Les piles de porcelaines à l’hygiène douteuse s’amassaient sur le plan de travail. Des cuillères, des couteaux et des fourchettes se noyaient lamentablement dans un bac dont l’eau était plus sale qu’eux.
Je regardais la plonge qui m’attendait, accompagnée d’une crasse qui me criait « Lave moi avant que je sèche ! ». L’envie de nettoyer toutes ces immondices était absente, mais disons que je pouvais le faire avec indifférence. Bien que humer le parfum du bac à graisses de la machine à laver semblait inconcevable, je n’étais point rebuté par cette terrible odeur. Me salir le nez, la vue ou les mains ne m’avait jamais arrêté.
Cependant, faire la plonge était l’un des métiers les moins glorieux. J’étais commis de cuisine, et je ne savais quel crime j’avais commis pour en arriver à ce bagne.
Les couverts et les assiettes comblés de saletés m’attendaient bien alignés pour la lutte finale dans un lieu marécageux dont les puanteurs brûlaient les poils des narines. Armé d’un jet d’eau et d’une éponge usée par les combats, je m’apprêtais à décimer l’armée.

Quand, soudain…

Une créature stupéfiante, aux yeux clairs et foncés à la fois et aux cheveux orangés, se présenta de l’autre côté du plan de travail, faisant office de champ de bataille. J’étais prêt à supprimer toutes ces piles qui amenuisaient mon champ de vision sur cette femme.
Fauchant mes ennemis afin de pouvoir la contempler de toute ma vue, je découvris qu’elle apportait elle-même les renforts. Devant l’incompréhension, je décidai de continuer à éradiquer les hordes de porcelaine et de métal. Cette femme était une serveuse, au service de cette armée infinie, probablement.
Je remarquais que faire la plonge était devenu un moment agréable. J’étais capable de subir toutes les atrocités de cette guerre juste pour apercevoir, ne serait-ce, qu’une seule mèche de cheveux roux entre les piles incommensurables d’assiettes.

Et un jour, je compris…

Je compris que tous ces renforts n’étaient qu’un subterfuge. Alors que je m’acharnais à réduire la plonge, cette femme redoublait d’efforts pour en apporter un peu plus.
Je saisis le jour où je finis par réussir ma mission qui était d’éradiquer tous mes opposants, et là, je pus la contempler de tout mon soûl. Néanmoins ce fut bref, car n’ayant plus d’ennemis aux pays des marécages, on expédia ma personne dans une autre contrée, celle des salades.
La contrée des salades était douce et rafraîchissante, mais à mes yeux seules les épines apparaissaient et non la beauté de la rose, car je venais de quitter ce monde si terrible qu’une magnifique créature avait cependant transformé en paradis.

Mais la chance me sourit…

Ayant passé une bonne partie de mon existence à combattre les monstres du marécage, j’avais développé une grande adresse dans l’hécatombe des assiettes et des couverts. Ainsi, on avait fait appel à mon bras en urgence lors de l’invasion de vingt-et-une heure cinquante-trois.

Et là…

Je pus voir ce sourire se figer entre les piles, sur ce sublime visage. Le mien se forma aussitôt, et alors que le nombre d’assiettes diminuait et qu’elle commençait à être effrayée à l’idée de me voir partir, j’avais ouvert un espace assez grand pour pouvoir la saisir par le bras et la rassurer.
– Je ne m’en irai plus.

Et ils eurent beaucoup d’enfants…

Fin

Niveau style, comme d'habitude, rien à dire.
En fait, mon commentaire va être totalement subjectif. Parce que je reconnais l'originalité - assez rare dans cette section pour être soulignée - et le bon rythme de ton texte, mais je ne n'ai pas spécialement adhéré. Simple question de goût, donc. Je ne me suis pas laissé emporté par l'idée, je n'ai pas été touché. Peut être parce que j'aurais aimé que le texte soit plus développé, l'idée un peu plus poussée... Tu as trouvé un bon filon, c'est intéressant, mais tu aurais pu, selon moi, aller un peu plus loin dans cette idée d' "affrontement".