L'armée des nuits

Un très court texte écrit cette nuit et que j'avais envie de partager. Il y avait un moment que l'idée me trottait dans la tête, voilà qui est chose faite !
Bonne lecture !

***

Pas un bruit. Dans un coin de la pièce enveloppée par le voile de la nuit depuis déjà quelques heures, le combat se préparait. Encore un affrontement. Comme celui de la veille. Comme celui du lendemain.
A nouveau, la lutte serait difficile, éreintante, et il ne faudrait pas céder, jamais. Il était essentiel qu'ensemble, solidaires, les soldats ne perdent pas de vue leur objectif : vaincre l'ennemi. Encore un.

L'heure arriva. En rang, les poings serrés, le coeur battant, le groupe d'amis guetta le moindre signe de la présence ennemie. Et bientôt, la bête fit surface. Alors que le grincement de la porte brisa lentement le silence, un museau fut éclairé par la faible lueur de la lune qui traversait la pièce. Le visage recouvert de poils, les dents acérées, les pattes munies de solides griffes, l'adversaire ne serait pas aisé à vaincre. Sur deux pattes, la bête mi-homme, mi-loup approcha et, à la vue du barrage formé devant son objectif par les protecteurs, étendit sa gueule en un sourire carnassier. Sa voix rauque se teinta d'une pointe de satisfaction.

- Tant mieux. La victoire n'aura qu'un meilleur goût.
- Ne crie pas victoire trop vite, déclara le leader du groupe, qui avança d'un pas. Nous en avons repoussé des plus coriaces.

Le loup ne prit pas le temps de répondre et se rua sur l'armée qui se dressait face à lui. Aussitôt, l'un des combattants l'imita et, avec une force insoupçonnée en raison de son petit gabarit, le repoussa contre le mur. La bête se releva dans la seconde, l'empoigna à la gorge d'une seule main et le jeta avec violence contre la porte tandis qu'à leur tour, les autres membres de l'armée passèrent à l'attaque. Les coups jaillirent de toute part, s'enchaînèrent avec une vitesse folle. L'imposant monstre velu avait certes l'avantage de la taille, il ne fut pas moins rapidement dépassé par la maîtrise du combat de ses adversaires, et l'ardeur qu'ils mettaient à accomplir leur mission. Toutes dents dehors, le loup se débattit contre ses assaillants qu'il ne parvenait à contrôler. Bientôt, il fut immobilisé au sol, sous le regard de la dizaine de vaillants combattants.

- Pourquoi le protégez vous ?

Tous bombèrent le torse, une lueur que la bête ne pouvait comprendre de lui même dans le regard.

- La loyauté.
- Quoique vous fassiez, bande d'imbéciles, je reviendrai.
- Quoi que tu fasses, pauvre fou, nous serons là. Nous t'attendrons. Toi et les autres.

Gravement blessée, la bête se résigna à capituler. Mais lorsqu'elle prit la fuite à l'aide des dernières forces qui lui restaient, une sombre lueur illumina son regard. La guerre n'était pas terminée.
Les soldats, eux, n'y prêtèrent guère attention. Ils n'avaient pas détruit toutes les bêtes, celles qui survivaient revenaient. Pour mourir. Car aucun monstre ne pouvait anéantir la détermination et la rage qui les animaient lorsqu'il fallait se battre pour protéger leur ami.

Le jour se leva et les fiers guerriers décidèrent qu'il était temps pour eux de prendre du repos. Tous s'endormirent alors, les uns contre les autres, autour de leur petit protégé.

Cet enfant qui, plongé dans un profond sommeil, se réveillerait quelques heures plus tard sans se douter qu'il ne devait son repos nocturne qu'à ses compagnons de peluche.

Merci à toi pour ce commentaire ! La surprise de la fin m'inquiétait un peu, j'avais peur qu'elle puisse être trop facilement devinée. Ravi, donc, que tu te sois laissé surprendre !
Merci pour ta lecture !