J'attends vos remarques, vos idées, vos corrections afin de donner ce texte à ma petite Leia
Merci à vous de me lire !
---------------------
En ce jour ensoleillé, maman et papa ont décidé de nous emmener pour un pique-nique dans les bois. Ils préparent les sandwichs et le matériel indispensable à toute sortie. Moi j'emmène Victoria, ma poupée qui ne me quitte jamais. J'en profite pour la changer et lui mettre des vêtements plus appropriés pour une sortie. Mon petit frère, Téo, choisit un ou deux robots qui pour lui semblent vivants et animés d'intentions belliqueuses. Téo aime faire la guerre et vit de grandes scènes de bataille chaque jour. J'ai beau lui dire que ce ne sont que des jouets, il a toujours l'air de croire que Bumblebee et Optimus Prime sont bien vivants et combattent Mégatron pour la survie de la planète. J'ai vu le film et je sais bien qu'il ne s'agit que d'un film … Mais il semble que je sois la seule de la famille à me rendre compte que les robots n'existent pas pour de vrai... Maman passe son temps à me fusiller du regard quand je lui dis que les robots, les lutins ou les fées n'existent pas. Alors pour lui faire plaisir parfois, je fais semblant d'y croire...
Je m'approche de mes parents et leur demande s'ils peuvent emporter un dessert pour le pique-nique. Je fais mes vérifications du contenu du panier et quand je suis sure que rien n'a été oublié, je vais m'installer dans la voiture. Téo s'assied à côté de moi et comme à chaque fois, je me dispute avec lui. Papa s'installe au volant et maman nous demande d'être calmes jusqu'au bois où l'on se rend.
La route n'est pas longue mais elle paraît toujours interminable quand on a hâte d'aller quelque part.
Maman m'a dit que les jonquilles étaient en fleurs à cette période de l'année et je compte bien faire un bouquet géant. Arrivés à destination, je prends Victoria dans mes bras et je descends de la voiture direction l'entrée du bois.
– Leia, attend-nous, me crie maman, je n'ai pas envie que tu te perdes !
Je m'arrête en piétinant sur place. Téo m'a rejoint et a pris d'assaut un tronc d'arbre, probablement transformé en champ de bataille. Papa et maman arrivent enfin et la promenade peut commencer. J'aperçois quelques champs de jonquilles mais maman ne veut pas que je cueille les fleurs maintenant pour ne pas qu'elles meurent de soif.
Nous nous installons dans une clairière agréable. Papa prépare la nappe, maman sort la nourriture du panier et moi je décide d'aller cueillir un bouquet de fleurs sauvages pour décorer. Je coince le tout avec des petites pierres. Téo s'amuse à poser des cailloux partout sur la nappe. Il veut sûrement m'imiter comme d'habitude. Je dépose Victoria à côté de moi et nous mangeons.
– Nous irons chasser le loup après ? demande mon papa à Téo qui se fige quelques instants.
– D'accord papa... mais tu restes avec moi, hein ?
– Les loups, pfff, y en a plus en Belgique ! Je l'ai lu dans un livre à l'école !
– Oh mais si Leia ! Il y a des loups, des lutins, des fées et peut être même des licornes... me répond maman.
– Tu racontes n'importe quoi ! Ça n'existe pas !
– Et qu'est ce qui te rend si sure que les fées ou les licornes n'existent pas ?
– J'en ai jamais vu... C'est dans les livres maman !
Elle me regarde en silence puis regarde papa.
– Vous partez chasser le loup vous deux ?
Papa se lève et prend Téo par la main. Il s'éloigne nous faisant un petit signe. Je ris en voyant Téo s'armer d'un grand bois et serrer très fort la main de papa.
Maman se rapproche de moi et me caresse les cheveux.
– Tu sais, ce n'est pas parce qu'on ne voit pas les choses qu'elles n'existent pas... Regarde cet arbre par exemple, est-ce que tu vois la sève qui circule à l'intérieur ?
– Heu non maman...
– Pourtant sans elle, l'arbre ne pourrait pas vivre. On ne voit pas la sève mais elle existe... et vois-tu les animaux dans l'herbe là ?
– Quels animaux ?
– Les insectes... Penche-toi et regarde mieux...
– Je vois une fourmi... ha non deux fourmis... et là, une drôle de bête brune...
Maman sourit et j'ai envie de lui dire que jusque-là je n'ai toujours pas vu de fées ! Mais elle me demande de regarder à nouveau et de lui dire ce que je vois. Je m'exécute curieuse et je découvre bien vite, deux nouveaux insectes que maman identifie comme étant une punaise et une petite mouche.
– Tu vois ma puce, en cherchant bien et au bon endroit, on trouve des choses que l'on ne pensait pas trouver...
Prises au jeu, nous cherchons toutes les petites bêtes du coin. Bientôt maman me laisse chercher seule et me regarde faire. Quand, fatiguée, je décide de m'asseoir près de maman, elle me serre dans ses bras et nous restons là à regarder le vent secouer les branches des arbres. Au bout d'un moment, elle me propose :
– Tu n'irais pas cueillir tes jonquilles maintenant ? Nos chasseurs de loup vont probablement bientôt revenir. Je vais lire un peu en attendant. Ne cueille pas trop de fleurs sinon les fées seront fâchées et ne t'éloigne pas trop d'accord ?
Levant les yeux au ciel, je lui promets et embrassant ma poupée, je m'éloigne un peu à la recherche des fleurs convoitées...
Rapidement j'ai les bras chargés de fleurs. Je me rappelle des recommandations de maman et je regarde autour de moi. Tout est silencieux et je me rends compte que je ne sais pas où je suis. Je reviens sur mes pas mais les arbres et les tapis de jonquilles se ressemblent. Je sens les larmes me monter aux yeux et je m'assieds par terre en pensant à ma chère poupée qui me manque déjà. Je crie pour que maman m'entende. De longues minutes passent mais rien ne bouge. J'ai peur et je ne sais pas quoi faire. Je repense à papa, parti à la chasse au loup, et je tente de me convaincre que ces animaux ont bien disparu de nos forêts. Peut être papa va-t-il passer par ici et me retrouver ? Je l'appelle, je crie, et ne voyant rien venir je me remets à pleurer.
– Pourquoi pleures-tu petite humaine ?
Je redresse la tête pensant avoir été trouvée. Au moins je ne serais pas restée trop longtemps perdue ! Mais à ma déception il n'y a personne autour de moi... J'entends alors un cri sur ma droite et mon regard se pose sur les jonquilles posées à mes côtés.
– Encore un champ pillé... Que crois-tu que nous allons manger maintenant méchante petite fille... Ta maman ne t'avait-elle pas dit de ne pas en cueillir trop ? N'as-tu pas la notion de trop ? On dirait que tu as voulu nourrir une colonie entière... Elles ne durent pas nos fleurs d'or et sont si précieuses pour nous !
Une petite femme se lamente à coté de mon bouquet de jonquilles. Elle n'est pas plus grande que ma main et sa voix est aigüe mais agréable comme un chant d'oiseau. Je la regarde étonnée et en même temps complètement pétrifiée... Une si petite femme ne peut pas exister ! Elle continue son monologue.
– C'est toujours pareil avec vous les humains. Vous ne faites attention à rien. Et les enfants... c'est encore pire !
Je regarde autour de moi, je me pince, je ferme les yeux puis je les ouvre à nouveau mais la petite créature est toujours là.
– Bon tu arrêtes de bailler aux corneilles maintenant et tu vas réparer tes bêtises ! Suis-moi petite humaine...
Je reste là, hébétée, et le petit être se retourne vers moi.
– Et empotée en plus de ça...Tu veux finir dévorée par un loup toi ? Tu viens où je te laisse là ?
Je me décide à me lever et suis la petite femme qui vole devant moi. Elle possède deux longues ailes transparentes aux reflets argentés. Pour voler, elle bat des ailes comme un papillon. Le vent l'emporte, comme une feuille d'automne, avec la grâce et la légèreté en plus. Je la trouve vraiment magnifique. Au bout de quelques minutes, nous nous arrêtons près d'un arbre et elle me demande de patienter sur une souche. Elle disparaît dans les branches de l'arbre et j’attends en me demandant si je rêve ou si tout cela est réel.
Quelques instants plus tard, elle redescend et d'un air solennel m'annonce que je vais être reçue par la grande fée qui décidera de ma punition.
Je grommelle que je n'ai rien fait de mal mais la petite fée me lance un regard noir et je la suis en silence jusqu'au centre d'une clairière. Je découvre alors un attroupement de fées autour d'un trône magnifique taillé dans une souche et recouvert de fleurs de toutes les couleurs. Sur ce splendide siège, la grande fée me regarde sévèrement. Elle n'est pas beaucoup plus grande que les autres mais porte une robe en pétales de fleur alors que les autres portent des vêtements cousus dans des feuilles d'arbres.
– Approche petite fille, présente-toi et explique pourquoi tu comparais devant moi...
– Je... Heu... Je m'appelle Leia... et ...j'ai … cueilli des jonquilles...
Sous le regard insistant de la grande fée, j'ajoute :
– Beaucoup de jonquilles...
Un « Oh » retentit dans la clairière, crié par de nombreuses petites voix. J'ai envie de me cacher sous terre et je baisse les yeux au sol.
– Les jonquilles comme tu les appelles sont très importantes pour nous à cette saison. Elles nous servent de nourriture, nous en confectionnons des vêtements de fête ou nous les utilisons dans nos maisons. En cueillant trop de fleurs, tu nous prives de nourriture, de nos ressources et nous devrons travailler deux fois plus dur pour pallier à ce manque. Aujourd'hui, nous te demandons réparation !
La foule de petites créatures applaudit la grande fée et se tourne vers moi attendant ma réponse.
– Que dois-je faire ? Qu'attendez-vous de moi ?
– C'est à toi d'y réfléchir petite fille. Tu nous donneras ta réponse quand le soleil touchera cette fleur de ses rayons.
Et elle me désigne une fleur mauve du doigt avant de se lever. La petite fée qui m'a trouvée s'approche de moi.
– Je vais rester avec toi le temps de ta réflexion.
– Merci ...heu... Comment t’appelles-tu petite fée ?
– Elaniu.
Nous restons là, en silence à observer la lumière changer dans la clairière. Les rayons s’approchent de plus en plus de la fleur désignée par la grande fée. Je me décompose car aucune solution ne me vient. Je regarde Elaniu et lui demande :
- Que va-t-il arriver si je n’ai pas de solution quand la grande fée reviendra ?
Elle m’observe et j’ai l’impression qu’elle est déçue plutôt que fâchée. Elle me répond enfin :
- Tu seras probablement transformée en grenouille baveuse…, et elle éclate de rire, ou bien tu partiras sans avoir réparé tes bêtises et nous devrons nous débrouiller seules.
En silence, nous attendons le moment fatidique. Des tas d’idées se bousculent dans ma tête mais aucune solution. Je me demande toujours si je rêve, si je vais revoir maman, papa et même Téo et surtout je me demande si les fées existent vraiment… Jusqu’à présent je n’y croyais pas parce que je ne les avais jamais vues. Mais maintenant, pourrais-je encore penser cela ? Toute cette histoire me perturbe tellement que j’en oublie de réfléchir. La grande fée m’appelle et je n’ai pas de solution.
- Nous t’écoutons Leia, petite humaine.
- Je… je vous demande pardon. Pardon pour les jonquilles et pardon car je n’ai pas…
Une idée me vient alors. Je revois maman planter des jonquilles dans le jardin, je l’ai fait de nombreuses fois avec elle. J’ai peut-être une idée…
- En fait, je voulais dire que je n’ai pas de bulbes avec moi. Mais je peux revenir en apporter bientôt… Vous pouvez même venir dans mon jardin vous servir si vous le désirez…
J’entends les fées discuter entre elle sans les comprendre. La grande fée se penche vers une fée portant une magnifique robe probablement cousue dans une feuille d’automne rouge. Je me tords les doigts attendant le verdict. Elle se redresse enfin, réclame le silence et annonce :
- Leia, nous avons entendu ta solution et nous l'acceptons. Tu nous apporteras quelques bulbes pour replanter nos jonquilles et nous viendrons une fois par printemps nous servir dans ton jardin.
Je souris, ravie. La grande fée a l’air contente aussi. Elle m’explique que je vais être raccompagnée auprès de mes parents par Elaniu. Celle-ci semble fière de moi et cela me remplit de joie. Avant de partir, j’ai envie d’ajouter quelque chose et je me tourne vers le peuple des fées :
- Maman avait raison… Je tenais à vous dire que jusqu’à la fin de ma vie, je croirai en vous. Je n’oublierai pas de planter des jonquilles dans mon jardin et même d’autres fleurs. Vous pourrez prendre tout ce que vous voudrez. Et je dirai à mes enfants que vous existez…
Les fées me regardent puis s’inclinent. Enfin, elle me salue et Elaniu m’emmène loin du grand arbre. Je me rends compte que je n’ai pas emporté mon bouquet de jonquilles. Je souris en espérant qu’elles utiliseront les fleurs pour un grand banquet ce soir.
Bientôt nous approchons de la clairière et Elaniu m’annonce qu’il est temps de nous quitter. J’ai envie de la serrer dans mes bras mais petite comme elle est, je risque de l’écraser. Je lui envoie donc un baiser et m’incline devant elle en lui disant au revoir.
Elle s’incline à son tour puis me fait signe de rejoindre maman. Plongée dans son livre, elle ne m’a pas entendue arriver. A ce moment, papa et Téo reviennent de l’autre côté. Ils nous racontent leurs aventures de chasse. Je souris savourant ce moment en famille. Je serre mes parents contre moi très fort puis je regarde mon frère :
- Tu sais, t’es pas si nul comme petit frère ! T’as chassé le loup alors ? Tu me racontes ?
Et nous nous dirigeons vers la sortie du bois.
Je ne vois pas mes parents nous regarder fièrement et encore moins maman s’incliner vers le côté de la clairière par lequel je suis revenue.
Je reviens quelques jours plus tard avec une caisse de bulbes que je dépose dans la clairière. Maman me regarde faire et je lui demande si les fées trouveront bien les fleurs. Elle me répond qu’elles savent déjà que nous sommes là et nous repartons vers la voiture main dans la main.
Depuis, chaque année, je plante des jonquilles.
Et chaque année, quelques fleurs disparaissent de mon jardin…