Suite des récits d'Edouard, on commence ici à entrevoir l'ambiance réèl de Mousquetaires de Sang. Le texte est organisé en 3 chapitres, le découpage se fait par unité de temps / lieu.Édouard rode dans les rues de Paris. Il repense aux duels qu’ils avaient livré une demi heure plus tôt. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait un corps, loin de là, ni même qu’il arrivait à ce résultat à la suite d’un duel. Toutefois le fait que le maître d’arme avait dû prendre la vie de son propre élève le perturbait. Quel gâchis...
Édouard s’arrête devant une chapelle, sûrement l’une des plus anciennes de Paris vu son état.
- " Seigneur, prenez soin de ce vieux bougre de Matthias. Le geste qu’il a commis aujourd’hui va lui rester sur la conscience… " dit-il en grimaçant avant de rire légèrement, rajoutant : " et aidez moi à retrouver ma route aussi ! Il semblerait que mes jambes aient décidé de me mener dans des ruelles inconnus ! ".
Un bruit de métal retenti alors à quelques rues d’ici. Pas le choc de deux lames qui se rencontre, plutôt le bruit que fait un fer quand il percute un mur de pierre. A cet heure-ci, marcher seul dans Paris est déjà très dangereux, mais s’occuper des affaires des autres tournent carrément au suicide. Édouard n’arrive toutefois pas à étouffer sa curiosité.
Un autre bruit similaire jaillit à nouveau. Édouard tend l’oreille pour identifier l’origine et s’approche d’un pas rapide. Il s’engouffre dans les ruelles de la cité, main sur le pommeau de son épée. Soudain, au croisement d’une rue, il entrevoit la forme d’un guerrier. Celui-ci porte les symboles des chevaliers hospitaliers. Il est vêtu d’une lourde cotte mailles et brandit une épée de bonne taille.
L’homme recule tout en restant en garde. Il est étrange que des bandits aient décidé de s’en prendre à un guerrier de cet acabit. Son adversaire apparaît enfin en pleine vue. Il s’agit d’un homme de très grande taille, une force de la nature capable de vous soulever sans faire de réel effort. Visiblement il combat avec des sortes de griffes. Cet arme lui donne une allure de bête sauvage. Un combat de titan que voilà !
Édouard s’approche discrètement, décidé à en savoir plus. Instinctivement le moine lui inspire plus confiance que son opposant. Il arrive à approcher à quelques mètres sans qu’aucun des deux combattants de l’aperçoive. L’ours donne un coup d’une rare violence à son adversaire qui roule au sol. A terre, le chevalier ne pourra pas s’en tirer. Il est mort, à moins que...
Avant même de se rendre compte de ses actes, Édouard avait jailli de sa cachette et s’était interposé entre l’homme et sa victime, sa rapière sortie.
- " Tu l’as vaincu, va-t’en maintenant ! " hurle-t-il dans l’espoir de faire fuir agresseur.
Édouard se rend alors compte que les griffes sont naturelles et non des armes de métal. La créature se jette sur lui et le percute, le jetant au sol violemment et faisant voler au loin sa rapière. Édouard est convaincu que sa dernière heure est arrivé quand sa main se referme sa le pommeau de l’épée de l’hospitalier.
Au contact de l’épée, Édouard sent sa colère et sa haine se raviver comme un bête qui prend possession de son arme. Il se saisit de l’arme et la brandit devant lui. Toutes ses émotions se déverse dans son âme comme un torrent de lave avant de lui faire perdre conscience.
***
Édouard se réveille doucement. Ses muscles sont douloureux comme ils auraient pu l’être après une longue journée sur le champ de batailles. Une vive douleur martèle son crâne de l’intérieur. Même la plus virulente des gueules de bois aurait été plus clémente. Il ouvre les yeux et regarde autour de lui. Quel est cet endroit ? Un solide lit en bois, un coffre à vêtement, et un petit bureau. Une auberge de bonne qualité sûrement.
Le mousquetaire secoue la tête et tente de se rappeler ce qu’il fait ici. Il entend le bruit de la porte qui s’ouvre et voix une jeune femme rentré dans la pièce en portant un lourd baquet d’eau. Il se redresse doucement sachant parfaitement qu’un geste brusque le forcerai à se rallonger aussi tôt. La servante se tourne vers lui et s’aperçoit enfin qu’il est réveillé.
- " Oh Messire ! Restez couché ! Vous n’avez pas encore récupéré vos forces ! ", s’exclama-t-elle.
- " Où suis-je ? "
- " Vous ne vous souvenez de rien ? Remarque ce n’est guère étonnant vu l’état dans lequel frère Mutien vous a ramenez ! Pourquoi vous êtes ici, je ne saurais vous le dire, mais je peux vous apprendre que vous êtes chez maître Théophile, tenancier du coq d’or. "
- " Frère Mutien ", demande Édouard étant donné qu’il ne se souvient pas avoir déjà entendu parlé du moine.
- " Monseigneur… Je vous pris de rester couché ! Vous avez dû prendre un mauvais coup… "
Édouard prit quelques secondes pour réfléchir et tenter de se souvenir.
- " Il s’agit du frère qui m’a amené ici ? "
La jeune femme acquiesce puis montre le bureau.
- " Il a laissé un mot pour vous. "
Le guerrier se lève alors devant le regard réprobateur de la dame. Il saisit le papier et l’ouvre. Il est écrit : " Rejoignez moi à la tour du Temple, nous reparlons de tout ça. "
- " Merci d’avoir prit soin sur moi ", dit Édouard à la femme. Il rajoute ensuite d’une voix ne laissant pas place à la discussion, " Je vous assure que je vais bien. Je vous remercie de vos attentions mais il faut que je retourne à des affaires plus importantes. "
Elle haussa les épaules et leva les yeux au ciel.
- " Les hommes, vous ne savez jamais vous arrêter ! "
En disant cela, elle disparu dans le couloir.
***
Édouard marche dans les rues de Paris, se mêlant à la foule d’un pas pressé. Il sert dans sa main le billet de moine guerrier. La tour du temple... Une grande tour vestige des communautés templières de Paris, aujourd’hui aux mains des chevaliers hospitaliers. L’endroit est impression, les chevaliers ont l’air tous aussi solide que ne l’est leur tour. Le lieu du rendez-vous ne peut signifier qu’une seule chose : l’Église est mêlée à toute cette histoire.
Après une dizaine minute de marche, Édouard arrive à destination. Il s’approche de l’un des gardes surveillant l’entrée principale.
- " Je viens voir frère Mutien ".
Le garde regarde un instant Édouard avant de hocher la tête.
- " Il vous attend. Suivez-moi ! "
Ainsi le moine avait deviné qu’il n’attendrait pas avant de venir. Toutes cette affaire commence vraiment à avoir une odeur étrange, se dit le mousquetaire. Il rentre dans la tour avec son escorte. Mutien le rejoint très vite.
- " Mon ami. Je suis content que tu sois venu de suite. "
Le guerrier les conduit dans une petite pièce confortable. Il sert également deux verres de vin.
- " Je suppose que tu veux comprendre ce qui c’est passé et ce qu’était cette créature ? "
Édouard leva un sourcil et prit l’air intrigué.
- " Toutes cette histoire m’inquiète. Ce que j’ai vu hier... Ce n’était pas humain ! "
L’hospitalier hoche de la tête lentement.
- " Tu veux que je t’explique... C’est une très longue histoire, un secret réservé à un petit nombre. "
- " Ce que veut dire frère Mutien, c’est que ce secret s’accompagne d’une tâche pesante et difficile. "
Édouard se retourne pour voir qui a parlé. Il connaît cette voix mais ce refuse à y croire tant que ces yeux n’ont pas confirmé. Le cardinal se tient là, derrière lui. Il est rentré dans le bureau discrètement, sans prévenir.
- " Il vous faut comprendre, sir De la Tour, qu’il s’agit d’un secret d’État. L’accepter, c’est également accepter de tout faire pour le préserver, et de tout faire pour sauver la France. Quittez cette salle mousquetaire et réfléchissez bien. Vous reviendrez quand vous aurez pris la décision. Si vous apprenez ce secret, vous continuerez à me servir, mais vous quitterez à jamais mes gardes. "
La voix du Cardinal est calme et rassurante toutefois Édouard perçoit que le cardinal est bien sérieux. S’il accepte, il n’y aura pas de retour possible. Il se lève et leur répond :
- " Laissez moi une journée et je vous donnerai ma décision. "
Le cardinal acquiesce en silence. Frère Mutien se lève et attrape le mousquetaire par le bras comme il l’aurait fait avec un frère.
- " Puisse Dieu vous guider vers le bon choix. "
Édouard quitte la salle. Le cardinal annonce alors à voix basse.
- " Préparez-vous, demain il sera ici pour commencer son apprentissage. Sa décision est déjà prise. "