[On peut considérer ce texte comme étant la suite de Je te hais]
Je sais pourquoi je n'ai jamais aimé Zola.
Maintenant, je crois que je ne vais pas aimer les amiraux.
Je crois que je ne regarderais plus jamais le nom d'une rue.
***
Tout va bien.
Tout va bien.
Pour une fois que je n'avais même pas à m'en convaincre.
Pour une fois que je passais une journée sans y penser.
Sans que ça me bouffe.
Pour une fois...
J'ai peur. Je rage. Je rage contre ma faiblesse. Je rage contre mon passé qui reprend sans cesse le dessus. Je rage contre ces nouvelles marques de griffures, de morsures, qui parcourent mes avant-bras, l'intérieur de mes poignets.
Je me rassure en me disant que c'est l'hiver... Que personne ne verra mes bras. Que personne ne le remarquera.
Mais je sais qu'elles sont là, ces traces.
Et surtout, il y a les traces que tu as laissées dans mon esprit. Parce que oui. On peut tordre un esprit. Et tu as plutôt bien réussi.
Tout allait bien.
J'avais même réussi à rire.
J'avais même réussi à sourire.
Sans me forcer, vraiment.
Mais il a fallu que je lève la tête. Au mauvais instant. Que mes yeux s'attardent sur le nom de cette rue. Ce n'était même pas le même amiral... Et c'était foutu.
Il n'a fallu qu'un mot pour qu'une nausée soudaine me prenne.
Il n'a fallu qu'un mot pour que tout revienne.
Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi ça ?
Elle est encore plus près de mon école, cette rue. Encore plus près que la rue au nom semblable où tu travailles. Et j'y passe chaque jour. Chaque matin. Chaque midi. Chaque soir.
Tout mon corps tremble. Excepté ma main, dont les ongles sont plantés dans ma chair.
Ça va aller.
Ça va aller.
J'aimerais tant réussir à m'en convaincre.
Il n'a suffi que d'un mot, pour que tout aille mal. J'aimerais tant qu'il ne faille qu'un mot, pour que tout aille bien. Mais je crois que j'ai perdu foi en mes rêves. Et je rage.
Je rage parce que même des années après, ça m’influence encore. Ça a encore un impact important sur moi. Je rage parce que je suis une rêveuse. Et une rêveuse qui ne rêve pas, ce n'est plus une rêveuse. Je rage parce que même des années après, tu arrives encore à me tordre. Alors que j'avais presque réussi à me reconstruire. A tout oublier. Mais les souvenirs refoulés resurgissent toujours. Il suffit d'attendre le mauvais moment.